La
publication des documents concernant les grands pays européens et les
dossiers sensibles impliquant des Occidentaux obéit à une règle très
stricte. Cette règle a été décidée d’un commun accord entre les cinq
journaux partenaires et le site Wikileaks. Elle prévoit notamment la
suppression de noms de personnes citées et susceptibles d’être mises en
danger par la publication des documents américains. Pourquoi Wikileaks
n’a-t-il pas respecté cette règle concernant l’Algérie ? La mise en
ligne, mercredi 1er décembre, sur le site de Wikileaks du premier
document consacré à l’Algérie a donné lieu à une série de dérapages. Ce
document émanant de l’ambassade américaine à Alger a un intérêt
informatif très limité. Et pour cause : les documents les plus
importants qui contiennent de vraies révélations sur l’Algérie sont
actuellement analysés par les cinq journaux partenaires de Wikileaks :
Le Monde (France), El Pais (Espagne), The New York Times (USA), The
Guardian (Angleterre) et Der Spiegel (Allemagne). Ils devraient sortir
dans les prochains jours. Ils seront d’abord publiés par ces quotidiens
avant d’être éventuellement disponibles sur le site Wikileaks. Mais le
document de Wikileaks publié hier pourrait causer des dégâts inattendus.
Le texte contient en effet deux noms : celui d’une journaliste d’un
quotidien national et celui d’une sénatrice. Ces deux personnes ont été
citées dans le document de l’ambassade américaine daté de janvier 2007
et consacré à l’élection du président du Conseil de la Nation. Elles
se seraient exprimées lors de rencontres avec des diplomates
américains. Leurs propos ne contiennent aucune information sensible ni
révélation. Il s’agit de simples analyses sur la situation en Algérie.
Le comportement de Wikileaks est dans ce contexte scandaleux. Tout comme
celui des diplomates américains, auteurs du document. Leurs
interlocuteurs les ont-ils autorisés à les citer en tant que source dans
des documents aussi sensibles ? La journaliste et la sénatrice
savaient-elles que leurs propos, tenus au cours d’une conversation,
étaient destinés à figurer dans un document confidentiel américain ?
Comme dans beaucoup de sujets, l’affaire Wikileaks illustre le regard
que portent sur nous les Occidentaux. Leur seul souci : protéger leurs
ressortissants susceptibles de subir des représailles à cause des
documents américains. Ils ont choisi de travailler avec cinq journaux
sérieux et de mettre en place des règles très strictes pour la
publication des documents. Pour l’Algérie, peu importent les
conséquences.
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