C’est ce qui ressort d’un câble de l’ambassade des Etats-Unis à Alger, datant du 25 février 2010, le jour même de l’assassinat de Ali Tounsi dans son bureau, et révélé par WikiLeaks. Le câble, signé par l’ex-amabassadeur David Pearce, a souligné que le DGSN était en conflit avec Noureddine Yazid Zerhouni, ex-ministre de l’Intérieur, «politiquement proche du président Abdelaziz Bouteflika».
Il est relevé aussi que le président Bouteflika avait des différends avec les généraux-majors de l’armée et des hauts responsables des services secrets. «Ceux-ci considéraient Ali Tounsi comme loyal envers leurs intérêts», est-il noté. Le câble est revenu sur les circonstances de l’assassinat du DGSN en précisant que les informations étaient préliminaires. «Elles sont soumises à de nouvelles confirmations même si la presse en a largement fait l’écho», est-il appuyé. Il est indiqué dans le câble, classé confidentiel, qu’un haut responsable de la police a tué le colonel Ali Tounsi en lui tirant une balle dans la tête. «Il s’est ensuite tiré une balle dans la bouche», est-il rapporté.
Cette version des faits est avancée pour la première fois. Officiellement, il a été dit que l’auteur présumé de l’assassinat du patron de la DGSN était Oultache Chouaib, 65 ans, aux arrêts depuis deux ans. Le ministère de l’intérieur avait, dans un communiqué, précisé que l’exécutant du meurtre s’était blessé. Selon le câble, quatre hauts responsables de la DGSN avaient été blessés. Il est également relevé qu’après le forfait Oultache Chouaïb a été transport «inconscient» à l’hôpital. «Les fonctionnaires de l’ambassade ont observé une présence normale de la police dans les rues près de l’ambassade, dans l’ouest et au sud d’Alger. Cependant, des sources ont annoncé une confusion générale au siège de la DGSN. Cela a été accompagné d’une panne d’électricité et du blocage du système de communication radio de la DGSN », est-il noté. Il est précisé que que l’assassinat a eu lieu après «une grande discussion » sur une enquête de corruption au sein de la DGSN. «Rien à voir avec le terrorisme», est-il indiqué.
D’après le câble, il est précisé que Ali Tounsi a refusé de coopérer avec une délégation de l’ICITAP-ATA qui a visité l’Algérie. «Nous ne savons pas si c’est Ali Tounsi lui-même qui a donné l’ordre de ne pas coopérer, Zerhouni ou quelqu’un d’autres», est-il relevé. International Criminal Investigative Training Assistance Program (ICITAP) est un programme de formation et d’assistance à l’investigation criminelle internationale élaboré par le Département d’Etat, le Département de Justice et l’Agence pour le développement international (AID). Doté d’un budget annuel de 8 millions de dollars, l’ICITAP a formé des milliers de policiers, juges, procureurs et personnels de la justice criminel dans plusieurs pays notamment en Amérique du Sud (lutte contre les narcotrafiquants surtout).
L’Algérie est, après le Rwanda et le Liberia, parmi les premiers pays africains à intéresser ce programme encadré de près par le FBI. Plus stratégique, l’ATA (Antiterrorism Assistance Program), qui relève directement du Département d’Etat, est destiné aux renforcement des capacités des Etats à lutter contre les actions de type terroristes. Pendant plus de vingt ans, l’ATA était surtout concentré en Amérique du Sud, dans les Caraïbes et en Europe. Après les attentats du 11 septembre, l’ATA a changé de zone d’activité. L’ATA s’occupe entre autres de la sécurité aérienne. Le câble de l’ambassade américaine n’a pas donné des précisions sur le refus de Ali Tounsi de collaborer avec ces deux programmes pourtant bien accueillis par les responsables du ministère des Affaires étrangères algérien.
source: Elwatan (Fayçal Métaoui)
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